La langue française est-elle en voie de disparition au Canada ? C’est ce que redoute la ministre canadienne des Langues officielles. Dans son projet de réforme de la Loi sur les langues officielles, Mélanie Joly souhaite juguler le déclin du français en modifiant la politique migratoire du Canada.
Présenté il y a quelques semaines, le projet vise à attirer des francophones en dehors du Québec. Ce cercle vertueux consiste à accueillir des immigrants en langue français pour mieux les intégrer à la communauté francophone sur place, et in fine renforcer cette dernière. Le gouvernement de Justin Trudeau propose également d’embaucher à l’étranger des professeurs de français afin de combler les postes vacants et stimuler l’enseignement de la langue de Molière. Cette stratégie nationale se veut proactive.
La langue française en sursis ?
Le projet de loi de la ministre des Langues officielles envoie un message fort pour redynamiser la langue française et contrer la prédominance de l’anglais. Par exemple, les immigrés francophones qui veulent trouver un emploi dans les régions hors du Québec sont très souvent obligés de parler anglais. La barrière linguistique reste très forte et explique la diminution constante du nombre de Canadiens bilingues. Actuellement ce taux ne s’élève qu’à 17,9%.
Mélanie Joly tire la sonnette d’alarme. Selon elle, le français sera une langue « en péril au cours des cinquante prochaines années ». L’objectif est donc de soutenir le poids démographique des francophones hors Québec. Les autorités canadiennes souhaitent stabiliser le taux de francophone à 4,4% de la population. Selon les estimations de Statistique Canada, et si aucune mesure n’est adoptée, le taux de personnes parlant le français hors du Québec pourrait chuter à 3% en 2036.
Trois autres mesures pour favoriser l’usage du français
Outre cette proposition sur l’immigration, la ministre des Langues officielles propose d’autres mesures pour endiguer cette fuite linguistique. Notamment une réforme de la sélection des juges de la Cour suprême, une garantie du droit de travailler en français dans les régions à dominante francophone ou encore l’octroie de nouveaux pouvoirs au commissaire aux langues officielles. Toutefois, avant de présenter le projet final de modernisation de la Loi sur les langues officielles, le gouvernement Trudeau devra attendre les recommandations d’un comité d’experts. Le projet de loi devrait être présenté en 2021.